C'est une macabre découverte qui vient d'être faite sur la propriété du sculpteur Louis-Félix Chabaud... l'occasion de revisiter l'Histoire, de découvrir de sombres secrets. Deux hommes mènent parallèlement l'enquête. Ils devront déjouer bien des conspirations mais surtout décrypter l'œuvre du sculpteur qui est le personnage central de ce « polar ».

De l'Opéra de Paris à celui de Monte-Carlo, en passant par l'Italie et la Syrie ils devront retracer le parcours de l'ornemaniste et par là même celui du plus célèbre architecte de son temps, Charles Garnier qui était son meilleurs ami.

Du second Empire à nos jours, en faisant un petit détour sous la Commune et la deuxième guerre mondiale ce livre qui est d'ailleurs illustré de plusieurs photographies couleurs permet de voyager dans le temps et l'espace, de croiser des personnages tels que Napoléon III, McMahon, Carlo Felice Orsini, Georges Feydeau mais aussi Mussolini et Churchill et même si la trame est celle d'un roman il permet aussi de s'instruire, constitue une approche ludique de ce grand sculpteur qui a fait la célébrité, en son temps, de notre village et qui a hélas été quelque peu oublié depuis.

Les fantômes de l'Opéra ont perdu leurs linceuls est un livre que vous pouvez vous procurer directement chez l'éditeur depuis internet : http://www.bod.fr/index.php?id=1786&objk_id=459165

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L'auteur, Jean-Marc HERY est un Venellois passionné qui a permis d'exhumer littéralement ce grand sculpteur qu'était Louis-Félix Chabaud.

Imaginez qu'il réalisa pas moins de 600 sculptures à l'Opéra de Paris, des marbres, des bronzes, des masques en stuc ou en staff ! Il travailla avec Charles Garnier mais aussi avec Gustave Eiffel (sur l'Opéra de Monte-Carlo et l'Observatoire de Nice), réalisa des œuvres pour le Musée du Louvre, pour l'Hôtel de Ville de Paris et aussi pour les villes de Marseille, Aix et Orgon.

Depuis quatre ans, Jean-Marc HERY, via l'association Kaléidoscope des Arts Pluriels défend le dossier de ce sculpteur avec acharnement.

Il a ainsi permis de collaborer à une première exposition réalisée au Musée Fabre de Montpellier consacrée au peintre Alexandre Cabanel (voir le magnifique ouvrage « Cabanel, la tradition du beau » paru aux éditions Somogy).

Il a aussi permis de faire reconnaître la présence d'un gigantesque complexe gallo-romain sur la propriété du sculpteur, avec l'appui du professeur Christian Goudineau du Collège de France et doit sortir dans quelques semaines la première monographie de Chabaud qui sera préfacée par Mathias Auclair, conservateur de l'Opéra de Paris, Maud Dommange des Beaux Arts de Paris et Edouard Papet, conservateur en chef du département sculptures du Musée d'Orsay.

Il intervient aussi régulièrement en qualité de conférencier et sera l'un des acteurs de l'exposition sur les Prix de Rome donnée cet été dans le cadre de la galerie du conseil général Cours Mirabeau à Aix.

Son ouvrage, quoique romancé se veut aussi fidèle à une certaine vérité historique concernant l'époque de Napoléon III et la seconde guerre mondiale. Il reflète des recherches acharnées sur Paris, Monaco, Rome, Florence et Naples.

L'auteur nous a ainsi autorisés à publier un extrait de son livre qui, nous l'espérons, suscitera de la curiosité.

25 janvier 1875.

La place de l'Opéra est en effervescence. Le soir même le général McMahon doit procéder à l'inauguration du bâtiment. Le directeur Halanzier parcourt une dernière fois les grands escaliers, s'assure que les marbres ont été briqués, que les fleurs ont été correctement positionnées. Il s'inquiète de ce que l'éclairage électrique ne fonctionne toujours pas à quelques heures de l'arrivée des premiers invités.

Son visage traduit la plus vive inquiétude. Un agent de sécurité ne tarde pas à le rattraper : on signale un problème dans le vestibule d'entrée ou s'amassent les badauds. Ici se côtoient toutes les classes sociales : qu'ils portent le claque ou une simple casquette miteuse, tous espère négocier une place. Or depuis des heures, le ton est monté : les cannes martèlent le sol et les plus hardis osent crier qu'à l'époque de Napoléon III les choses eussent été différentes. Les cordes qui contiennent la foule se tendent de plus en plus.

Le responsable du vestiaire tente de se frayer un passage au milieu de cette horde. Il interpelle Halanzier comme s'il eût s'agit d'un de ses collègues. Ce dernier ce froisse, réajuste sa veste et se contente d'un signe de la main pour faire comprendre qu'il n'a pas de temps à perdre.

« Il faut vendre les billets réservés aux députés ! ils devaient les retirer avant 17h, les ordres du général sont pourtant très clairs ! »

Halanzier s'arrête net, esquisse une moue réprobatrice puis se livre frénétiquement à son activité préférée lorsqu'il se trouve en position délicate : il retire ses binocles , souffle sur les verres et commence de petits mouvements circulaires avec son mouchoir pour les nettoyer.

« Si nous faisons ça nous aurons droit à une émeute ! seuls 245 parlementaires ont été tirés au sort pour disposer de places ce soir et ils sont encore réunis en Chambre. Je sais que Monsieur Garnier vous a négocié ce poste... je connais aussi votre passé de directeur du théâtre de Bordeaux mais ici, je reste, du moins jusqu'à ce soir, le seul maître de ballet ! »

Sans même décocher un regard à son interlocuteur et faisant fi des hurlements de la foule il fait mine de remonter dans les étages lorsqu'une paluche d'étrangleur vient se poser sur son épaule et l'oblige à se retourner.

« Pourquoi croyez-vous que McMahon ait organisé une réunion plénière de l'Assemblée ? Dehors cela devient incontrôlable : même les hauts-fonctionnaires revendent leurs places 5 Louis chez les marchands de vin de la rue Drouot. Si vous n'y prenez garde vous risquez de ne plus rien contrôler. Vendez les places des députés ! »

Halanzier hésite une dernière fois, observe la foule amassée devant l'entrée et prend le temps de considérer l'entrée fracassante d'un parlementaire en frac, la canne menaçante. Le Député Tolain, réputé en faveur de la Commune, venait de pénétrer dans le saint des saints. La moustache lustrée et le haut de forme impeccablement dressé il se dirigeait d'un pas leste vers le directeur, repoussant à la manière d'un joueur de rugby (ce sport né au début du siècle en Angleterre) tous les laquais qui tentaient de lui faire obstacle.

Parallèlement, le nouvel archiviste, Charles Nuitter, déboulait telle une furie, les bras encombrés de rouleaux et documents divers. La collision des deux hommes devenait inévitable et les bedeaux éclatèrent d'un rire si franc que Tolain en perdit son légendaire self-control, déchirant à qui mieux-mieux les plans, cartes et autres papiers qui lui tombaient sous la main.

« Cochon de bonapartiste ! engeance d'esclavagiste ! Ne pourriez-vous respecter un peu plus la voix du peuple ? Vous étiez à n'en pas douter de ceux qui nous ont décimés ici en soixante et onze ! Je vous imagine bien, la baillonnette aiguisée, visant de malheureux citoyens de Paris qui pourrissent aujourd'hui dans les fondation de ce gouffre financier et nourrissent les carpes ! »

Puis se retournant vers le Directeur qui profitait de l'incident pour tourner les talons...

« Et vous là ! le cloporte à la solde de notre bon général !... par bonheur je me suis retrouvé ce matin légèrement indisposé de sorte qu'il ne m'a pas été permis d'assister à la séance du jour ! »

Halanzier pensait en son fort intérieur que l'assemblée avait perdu là son plus tonitruant orateur et que c'était son jour de chance.

« Oui, vous ! porc accoquiné avec Bismarck ! Traître à la Nation, ordure ! »

Une main s'agrippe à l'avant-bras du responsable du vestiaire qui, l'instant d'avant, réclamait que l'on mette en vente les billets des députés.

« Je crois, mon cher François que vous avez renoncé à vos fonctions de directeur du Grand Théâtre de Bordeaux pour nous rejoindre ?... mais pensiez-vous arriver dans un zoo où les primates dominent ? Savez-vous qu'à Paris certains babouins ont un postérieur en forme de cœur mais un cerveau de la taille d'une noix ? ... et savez-vous qu'il me faut subir leurs assauts quotidiennement ???

Monsieur le Député, que puis-je pour vous satisfaire ??

_ j'ai reçu mon invitation et suis venu sine die la retirer...

_ Et alors ?

_ Alors ? ... je suis placé à cour !!!!... jamais, vous m'entendez ? Jamais un député de gauche n'acceptera de s'asseoir à droite de Mc Mahon ! »