"Je n'en ai pas la preuve mais j'en ai la certitude", a répondu M. Bayrou, interrogé pour savoir s'il pensait que Canal+ avait renoncé à organiser un tel débat "à la demande de Nicolas Sarkozy". La chaîne en avait d'abord exprimé l'intention, avant de revenir jeudi en arrière, invoquant les obligations légales en matière de temps de parole des candidats à la présidentielle. Le candidat centriste, qui a obtenu 18,57% des voix le 22 avril, a dénoncé "la propension" de Nicolas Sarkozy à "verrouiller" l'information, mais assuré que ce débat entre la candidate socialiste et lui-même aura lieu. "Par toute une série de réseaux, qui rapprochent de très grandes puissances financières et médiatiques autour de Nicolas Sarkozy, les interventions directes sont faites auprès des rédactions, auprès des chaînes de manière que l'information se trouve verrouillée", a-t-il dit.

L'équipe de la candidate socialiste a également accusé jeudi le camp de Nicolas Sarkozy d'avoir exercé des "pressions" pour empêcher le débat.
Donnée battue dans les sondages par son rival UMP, Mme Royal multiplie les gestes en direction de l'électorat centriste, d'autant que M. Bayrou a semblé plus hostile envers M. Sarkozy qu'à son égard.
Jeudi soir, sur TF1, elle a réaffirmé "clairement devant tous les Français" qu'elle pourrait nommer des ministres centristes . Quant à François Bayrou à Matignon, "nous n'en sommes pas là ".
A ce débat totalement inédit entre les deux tours et proposé par la candidate PS, M. Bayrou a donné son accord, à condition qu'il soit télévisé.
Première idée, profiter du temps de parole de Mme Royal vendredi lors d'un forum du Syndicat de la presse quotidienne régionale (SPQR) avec, successivement, les deux candidats du second tour.
Refus du syndicat, Mme Royal assurant aussitôt qu'il a subi des "pressions", ce que dément Michel Comboul, président du SPQR et de Nice-Matin (groupe Lagardère).
Un responsable de la presse régionale a toutefois confié, sous couvert d'anonymat, que l'entourage du candidat UMP avait assuré que "sa propre participation" au forum du SPQR serait alors compromise, tout en se refusant à parler de "pressions". En début d'après-midi, UDF et PS annoncent un accord sur un débat samedi sur i-TELE, Canal + et France Inter. Puis la chaîne cryptée assure que "rien n'est fait". Enfin elle renonce, au nom des règles d'égalité de temps de parole.

Le numéro 1 du PS François Hollande a vu derrière cette décision "la pression de Nicolas Sarkozy". "L'Etat Sarkozy se croit déjà tout permis", a tonné Jack Lang. "L'Etat médiatique Sarkozy est en marche", a renchéri Arnaud Montebourg.
Normalement, le seul "débat contradictoire" de l'entre-deux tours oppose les deux finalistes. Prévu le 2 mai, il devrait attirer une audience record.
"Le débat contradictoire doit avoir lieu entre Mme Royal et moi, parce que le dimanche 6 mai (...) il n'y aura pas de bulletin Bayrou", a lancé M. Sarkozy jeudi soir sur France 2.
Il n'a pas été interrogé sur les accusations de "pressions", mais dans une interview au quotidien gratuit "20 minutes" vendredi son conseiller François Fillon a assuré que cela était "totalement faux".
Les ralliés UDF à M. Sarkozy sont également remontés au front, comme Gilles de Robien, seul ministre UDF, qui a jugé "irresponsable" et "immoral" que M. Bayrou "laisse en rase campagne" ses électeurs.
"A l'heure qu'il est, je ne sais pas ce que je ferai. Mais je commence à savoir ce que je ne ferai pas", avait déclaré mercredi le président de l'UDF, laissant entendre qu'il ne voterait pas pour le candidat UMP.
(Source : AFP)