Nicolas Sarkozy à Lyon : pas de courage, pas de chocolat
Par Venelles Pour Vous, mercredi 11 avril 2007 à 10:40 :: Elections :: #239 :: rss
Le candidat UMP annule sa visite d'une chocolaterie pour éviter sifflets et quolibets.
C'est arrivé. Le gros couac. Les sifflets et les quolibets qui obligent le candidat à rebrousser chemin. Ces images calamiteuses que les stratèges de campagne voulaient à tout prix éviter, elles ont été tournées. Non pas à Argenteuil ou dans une autre de ces cités que Nicolas Sarkozy évite soigneusement ces dernières semaines mais à la Croix-Rousse, l'ancien quartier des canuts devenu le repaire des bobos lyonnais.
«Pas bienvenu».
La journée du candidat avait été, comme toujours, soigneusement minutée avec, précédant le grand meeting du soir avec Bernadette Chirac, deux visites destinées à célébrer l'artisanat haut de gamme. A la Croix-Rousse, le député (UMP) Emmanuel Hamelin avait préparé une visite du laboratoire du pâtissier Sébastien Bouillet, célèbre pour ses macarons au beurre salé. Vers 15 heures, près d'une heure avant la venue programmée du candidat, quelques dizaines de curieux et de supporteurs attendent devant la vitrine du pâtissier. Il y a l'ancien maire Michel Noir, qui habite à quelques pas, des militants, des retraités. Dans une atmosphère bon enfant, les hommes du service d'ordre de l'UMP ont à l'oeil, sur le trottoir d'en face, une poignée d'adolescents visiblement hostiles. Parmi eux, Carine, une musicienne, a griffonné à la hâte au feutre sur une feuille blanche : «Vous n'êtes pas bienvenu». Elle s'explique : «Pour moi, c'est quelqu'un qui essaie de faire peur.» Sur le trottoir, Gérald assure l'animation : «Sarko t'as foutu les canuts sont dans la rue !» A la Croix-Rousse, Gérald est un personnage qui, tous les dimanches, s'installe près du marché pour y faire le «crieur public».
A 15 h 30, la foule a grossi : c'est l'heure à laquelle il doit arriver. Environ 200 personnes attendent devant chez Bouillet. Les pro-Sarkozy, qui chantent «Nicolas», sentent bien qu'ils sont minoritaires. Chacun y va de son commentaire : une enseignante a trouvé «inadmissible» la garde à vue d'une directrice de maternelle à Paris, son voisin ajoute que «racaille» ne devrait pas faire partie du vocabulaire d'un ministre. Un troisième, d'origine maghrébine, n'a pas digéré l'allusion de Sarkozy aux «moutons égorgés dans les baignoires». La tension monte peu à peu. Et plus encore quand quelques dizaines de CRS prennent position devant la pâtisserie.
L'oreille collée à leurs portables, les cadres de l'UMP comprennent que les choses se compliquent. Les slogans fusent, pas méchants : «Un charter pour Sarko», «Sarkozy va voir un psy». Les stratèges n'y croient plus : la visite est annulée, officiellement parce que l'avion du candidat a du retard. Sarkozy lui-même donne cette explication. On saura dans la soirée qu'il n'en était rien : à 14 h 56, l'avion était largement dans les temps, indiquait-on à l'aéroport.
Furieux. Devant chez Bouillet, des jeunes venus des quartiers populaires de Vénissieux se disent que, s'il n'est pas capable de venir à la Croix-Rousse, «ce n'est pas demain qu'on le verra en banlieue». Gérald, le crieur public, exulte : «Vive la Croix-Rousse libre !» Le député Hamelin est furieux. Il assure que la cabale a été organisée par la mairie de gauche du IVe arrondissement de Lyon. «Vous allez nous payer ça», menace un militant UMP en se tournant vers l'élue verte Guylaine Gouzou-Testud, candidate aux législatives. Elle le «jure», rien n'a été organisé. Tout cela était «spontané». Le candidat a trouvé réconfort le soir devant 20 000 supporteurs chauffés à blanc, selon l'UMP. Il n'a pas eu un mot pour sa mésaventure de l'après-midi.
(Source : Libération)
Commentaires
1. Le mercredi 11 avril 2007 à 10:43, par Spinoza
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