"Sa robe annonçait la couleur : rouge vif, en signe de préparation au combat. Le sourire hiératique, la voix inhabituellement rauque, Ségolène Royal a présenté dimanche son 'pacte présidentiel', un programme destiné à remporter la 'formidable bataille des idées' qu'a promis de lui livrer son rival de droite, Nicolas Sarkozy", écrit Le Temps. Pour le quotidien suisse, ce discours est "sans doute le plus important de la carrière politique" de Ségolène Royal et elle s'est appliquée à donner une "dimension historique" à son intervention du dimanche 11 février, à dix semaines du scrutin présidentiel.

The Wall Street Journal Europe s'arrête également sur la tenue de la candidate socialiste et titre son éditorial : "La dame en rouge". "C'est devant 10 000 militants enthousiastes, réunis dans une banlieue parisienne (Villepinte) qu'elle a dévoilé un programme politique très attendu confirmant son positionnement à gauche. Et comme pour bien souligner ses intentions, Royal a remplacé son habituel tailleur blanc par un autre de couleur rouge vif."
Après avoir écouté les Français lors des "débats participatifs" organisés à travers toute la France depuis huit mois, Royal a présenté "pendant une heure et cinquante minutes", son "pacte présidentiel". Réforme de l'administration, augmentation du salaire minimum, des retraites et des allocations, renforcement du budget consacré à la recherche : "Des propositions qui sont nettement d'inspiration socialiste", poursuit le quotidien américain. Quant aux "récents revers qu'elle a connus, Royal les a imputés aux conglomérats de la finance et des médias", relève le journal.

"La revanche de Ségolène. Aujourd'hui, le parti est avec elle", se réjouit pour sa part le quotidien romain La Repubblica, qui ajoute : "et maintenant la campagne électorale à dix semaines de l'échéance peut enfin commencer". "Le discours qu'elle a prononcé apporte la preuve que la gauche existe, qu'elle n'est ni morte ni évanouie." Le quotidien italien a trouvé la candidate claire et déterminée. "Elle a passé avec un succès évident ce qui était devenu un examen d'admission."

Même son de cloche dans le quotidien espagnol El País : "Ségolène Royal a rétabli l'ordre traditionnel. Le 'pacte présidentiel' qu'elle avance face au 'pacte républicain' de son principal rival, le conservateur Nicolas Sarkozy, restaure la dichotomie : gauche contre droite." El País est admiratif : "Avec un discours très structuré et plein de propositions intéressantes, la candidate française montre que la bataille va être rude."

Quant à The Independent, il titre son éditorial : "Chapeau pour l'expérience audacieuse de madame Royal." Le quotidien britannique de gauche salue les débats participatifs organisés par la candidate socialiste, qui ont drainé "135 000 contributions et permis à quelque 2,7 millions de personnes de donner leur avis." C'est à partir de "cette technique de consultation que Royal a élaboré 100 propositions pour une 'France plus forte et plus juste'." Pour The Independent, cette nouvelle technique a "au moins fourni quelques idées intéressantes et rafraîchi le débat politique." Le journal espère que "cette méthode aura des adeptes et sera pratiquée ailleurs qu'en France".

Mais l'éditorialiste du Soir prévient : "Ces débats participatifs ont créé une énorme attente dans l'opinion de gauche. Plus amère serait la déception s'ils n'étaient pas suivis d'effets." Par ailleurs, le quotidien belge souligne que le programme de Royal "ne disait mot ou presque de l'économie. Aucune proposition chiffrée dans son catalogue de mesures. Et pas un mot sur la fiscalité." Le Soir rend quand même un éloge à Royal qui, "à l'heure de présenter son programme, a fait preuve d'une combativité et d'une force extraordinaires. C'était presque aussi beau à voir qu'une finale de coupe Davis."

La Libre Belgique fait aussi un bilan mitigé de l'intervention de la candidate à la présidentielle : "Il y a du bon, de l'excellent même", quand il s'agit de "mesures concrètes quotidiennes et simples" concernant la réforme de l'Etat, la formation ou l'environnement.

(source : Courrier International)