Alors que Ségolène Royal s'apprête à présenter les principales conclusions des débats participatifs organisés sur le terrain et sur Désirs d'Avenir, Nicolas Sarkozy ouvre à son tour son propre site de débats : debat-sarkozy.fr. Ce site, annoncé par Loïc le Meur il y a quelques semaines, reprend le système "digg-like" éprouvé lors des forums de l'UMP de décembre : questions des internautes, fil de commentaires et système de vote pour "élire" la question du jour à laquelle Nicolas Sarkozy, ou son équipe, répondra. Le chassé-croisé entre les deux sites de débats – l'un qui s'achève, l'autre qui démarre - ne se limite pas à un simple décalage temporel.

Tout sépare les deux plateformes :

A ce stade, conclure à la supériorité d'un modèle sur l'autre n'est pas pertinent ; il est clair, en revanche, que ces différences de construction renvoient à des stratégies diamétralement opposées des deux principaux candidats sur la Toile, et à des conceptions profondément différentes du média internet.

Ségolène Royal a placé son site au cœur de sa campagne, au sens large, pour en faire à la fois la plaque tournante et la tête de pont de sa candidature à l'investiture socialiste, avec le succès que l'on sait. Nicolas Sarkozy en revanche a finalement préféré se tenir en retrait sur le net jusqu'au lendemain de l'annonce de son investiture officielle. Pour l'une, c'était une plateforme de communication politique ; pour l'autre, un canal de communication électorale.

Chacun à sa façon et selon ses objectifs aura ainsi mis à profit les outils du web, en adéquation profonde – et dans les deux cas de façon pertinente - avec les valeurs de leur parti, de leur conception de la politique et de leur mode d'interaction avec leurs électeurs.

On a pu à ce titre critiquer la stratégie initiale de Sarkozy.fr, le site de campagne officiel de Nicolas Sarkozy, axé sur le push, le matraquage vidéo ("on dirait tf1.fr") et le verrouillage de l'interactivité. Certes, Sarkozy.fr ne se singularise pas par son adoption des meilleures pratiques du Web 2.0, mais il apparaît avant tout en adéquation avec les ressources et la stratégie de communication globale du candidat de l'UMP. L'efficacité prime sur l'interactivité, la realpolitik prime sur la netpolitique.

La campagne est encore longue et le meilleur comme le pire sont encore à venir, mais d'ores et déjà, on notera combien les distinctions entre les deux sites de débats véhiculent in fine des distinctions fondamentales entre deux conceptions très différentes du média, et du débat politique.

(source : Netpolitique)