La candidate qui tient ses promesses. C'est ce rôle qu'a endossé Ségolène Royal, hier soir sur France 2, lors de l'émission A vous de juger.
«Dans une campagne très longue, où chacun prend le temps de réfléchir, il faut être dans la logique de la preuve, diagnostiquait un de ses proches avant le rendez-vous. Convaincre les gens pour qu'ils se disent : "Banco, on y va."»
Et c'est bien sur la corde de la conviction qu'a joué la socialiste.
D'abord, en tentant de préserver le monopole du changement et de résoudre la question de la concurrence de François Bayrou et de Nicolas Sarkozy. «Les Français ont besoin et envie d'un changement profond. Ils ont le choix entre un candidat qui prolonge ce qui existe, le candidat de l'UDF dont on attend le programme et la candidature que je représente
Un renouveau qu'elle incarne jusque dans son parcours et son investiture par les militants du PS : «Ma désignation était imprévue, ce n'était pas dans la logique du PS», n'a pas manqué d'expliquer Royal, qui a martelé que «les nouveaux adhérents sont comme les Français : ils ont soif de changement».
Elle a voulu préserver une de ses principales ressources : celle de la nouveauté, qui, ces derniers temps, semblait l'avoir délaissée. «J'ai eu beaucoup de liberté dans le débat interne. J'ai été moins libre parce que je suis appuyée par une organisation politique. Je suis dans la dernière ligne droite. Je reprends toute ma liberté

Convaincre, donc, non sans dramatiser, de la gravité de la situation : «C'est une campagne difficile, très difficile. C'est très rude, mais cette rudesse est à la hauteur de l'enjeu. Je veux que les Français aient un vrai choix. Il ne faut pas se tromper
De sa capacité à incarner la confiance, face à la défiance des électeurs : «Je crois que les Français cherchent. Ils observent, regardent, écoutent. Ils ne veulent pas se laisser avoir une nouvelle fois. Il y a eu en politique tant de promesses faites et non tenues !» Ségolène Royal, elle, sera tenue «par la parole donnée». «Votre vote ne sera pas instrumentalisé», a-t-elle promis aux électeurs.
Et de préfigurer ce que pourrait être sa méthode : «Je veux un Etat sobre et un Etat modeste», a expliqué la députée des Deux-Sèvres, qui entend «en rabattre sur le caractère un peu monarchique de l'exercice du pouvoir» et assurer une «réduction du train de vie de l'Etat». Elle a indiqué qu'elle disposait de «plusieurs hypothèses» pour Matignon.

«Aujourd'hui, on ne peut plus faire de la politique comme avant», a-t-elle répété.Mais elle reste néanmoins, comme elle le dit, une «socialiste fidèle à (son) histoire». Qui, aussi, «porte sur le monde un regard neuf» et se veut «une femme solide».
Comme à son habitude, elle a évoqué la «vie extraordinaire» de son héroïne, Jeanne d'Arc, laquelle «a transgressé l'interdit en mettant un habit d'homme». Et «tenté de sauver la France».

(source : Libération)