Persuadée que Ségolène Royal se limiterait à réaffirmer ses valeurs, l’UMP avait préparé initialement un tir de barrage sur le manque d’envergure et de vision de ce propos. Ce furent le sens des premières interventions post-Villepinte, à commencer par Nicolas Sarkozy lui-même en direct de la Mutualité, et son fidèle Patrick Devedjian...

Au cours de la journée de lundi, l’UMP réalisa que les "cent propositions" et le discours qui les présentaient ne pouvaient être évacués ainsi d’un revers de la main. Changeant rapidement son fusil d’épaule, le Ministre de l’intérieur demanda alors à son équipe d’accuser le projet d’archaïsme et de dénoncer son coût exhorbitant. C’est ce que montre la lettre aux militants UMP reçue par Betapolitique.

Rapidement, le groupe indépendant Débat 2007, par le biais de sa cellule de chiffrage rendait publique une première évaluation, fondée sur les cent propositions de Ségolène Royal et sur une compilation des engagements de Nicolas Sarkozy recueillis dans ses derniers discours.

Bilan : le projet Sarkozy coûterait 50 milliards d’euros sur le quinquennat, celui de Ségolène Royal 53 milliards d’euros...

Egalité ? Pas tout à fait, car Nicolas Sarkozy s’est également engagé à baisser les impôts de 4 points de PIB soit 68 milliards d’euros (selon lui) ou 72 milliards d’euros (selon le PS qui se fonde sur les derniers chiffres du PIB).

50 + 72 : c’est donc un engagement de 122 milliards d’euros qui est prévu pour le prochain quinquennat. Engagement que l’économiste Thomas Piketty juge absolument intenable. Les coupes de dépenses qu’il exige seraient deux fois plus importantes que celles de Margaret Tatcher, sur une période deux fois plus courte. Il faudrait supprimer du budget de l’Etat une dépense égale à quatre fois le budget de l’éducation et de la recherche !

Pour visualiser l'état de la dette (en % du PIB) sur plusieurs années, cliquez ici !

Dans Les Echos de ce jour, Nicolas Sarkozy chiffre le coût de son projet à 30 milliards, dont la moitié en baisses d’impôts.
Quid des 4 points de PIB ? Disparus ?
Disparus du programme ? Mais de quel programme ? Il n’y a pas de programme Sarkozy !

Pour s’en rendre compte, un petit exercice amusant et simple : se rendre sur le site sarkozy.fr, cliquer sur l’onglet "ce que je vous propose", cliquer sur le lien "Je veux être le Président qui tiendra ses engagements. C’est pourquoi je tiens à vous dire dès aujourd’hui quel est mon projet."... Vous trouverez une petite page en PDF, avec une dizaine d’extraits de discours récents... Aucune trace de programme...

Pas possible ? On l’ignorait ? Eh bien on le sait maintenant. Pendant toute cette période où Ségolène Royal imposait à ses troupes un immense et patient exercice d’écoute des Français, et où les représentants de l’UMP, et nombre de journalistes de cour, vitupéraient son absence de programme, il n’y avait pas de programme de l’UMP ! Pas de programme de l’UDF ! Pas de programme du FN ! Et il n’y en a toujours pas. On connaît aujourd’hui le coût de ce programme, mais toujours pas son contenu. Espérons qu’il sera publicisé plus rapidement que le patrimoine de M. Sarkozy, dont la publication était "imminente" il y a déjà plusieurs semaines...

(Source : Betapolitique)