«Alors, on s'appelle par nos pseudos ou par nos prénoms ?» interroge un visiteur venu assister à la «République des blogs» version Solférino un an après la mise en ligne de Desirsdavenir.org, la plateforme de lancement de la candidate Royal. A la veille de la dernière ligne droite avant remise des copies, les responsables de la net-stratégie socialiste ont voulu donner de la chair à la campagne participative en ligne en invitant les 20 contributeurs les plus en vue des forums et débats organisés sur le site. «Pépites».

Rien de très surprenant dans ce panel constitué à majorité de professeurs et, à une exception près, de sympathisants (généralement encartés), si ce n'est la présence d'un Belge qui ne prendra pas part au scrutin présidentiel... Face à eux, quelques représentants des 70 «mods» (modérateurs-synthétiseurs), des militants bénévoles qui, selon Ségolène Royal, venue assister à la confrontation, ont su identifier «les grandes tendances sans édulcorer les pépites» parmi les 130 000 contributions postées sur le site par environ 55 000 contributeurs au total.
Premier à prendre la parole, Chris, l'homme aux 2 000 messages. Enseignant dans un collège rural, il se félicite de cette «inversion du débat avec des citoyens qui sont au centre de la piste alors que Ségolène Royal reste à côté pour écouter». C'est justement ce qui a motivé Sophinette : «Moi qui ne pèse rien, qui ne sait rien, on va m'écouter quand même.» Un modérateur explique : «Les témoignages, les petites expériences de chacun, ce n'est pas seulement le Café du commerce. Quand on les compile, c'est aussi de la politique.» Ségolène Royal loue cette «intelligence collective», ce «potentiel humain me porte et élève ma propre exigence».
«Certains disent que je perds mon temps, je crois au contraire que c'est du temps gagné», tranche la candidate, qui puisera largement dans les contributions dans sa «prise de parole du 11 février». Sur Desirsdavenir.org, parmi la vingtaine de synthèses déjà en ligne (il y en aura 50 avant la fin de la semaine), quatre d'entre elles donnent un aperçu du programme de la candidate. Portant sur l'école, la prison et la justice, le téléchargement ou le travail, elles sont en effet accompagnées d'un texte intitulé «Ce que je retiens... par Ségolène Royal» (1).

«Engouement».

L'organisation de cette phase ultime de la rencontre en ligne - le rendez-vous dans la vraie vie - avait aussi pour objectif de montrer que, derrière les 50 000 contributeurs du site, il y avait bien des vrais gens et non une armée de «technos» cachés derrière leur ordinateur. «Certains se sont posé des questions sur le fonctionnement de la machine participative en ligne, reconnaît Benoît Thieulin responsable de la webcampagne royaliste. On a donc voulu soulever le capot d'un système qui ne vise pas à la représentativité mais à la diversité. Même si les ragots qui circulent parfois sur l'Internet ont un peu occulté les questions de fond, l'engouement pour ces forums participatifs est assez unique.» Selon lui, les 2 000 contributions reçues chaque jour ces dernières semaines constituent la meilleure preuve de la vivacité d'un débat citoyen dont les thèmes les plus populaires ont été «l'économie et le travail» (8 600 contributions) et la place de «la France dans le monde» (6 000 contributions).

(1) www.desirsdavenir.org

(source : Libération)