La crise que nous traversons, illustrée par ces carcasses calcinées ici et là, est, hélas, bien plus grave qu’il n’y paraît.
Et ce n’est pas en quadrillant le territoire de forces de police, de gyrophares ou de CRS casqués que le problème sera réglé.
Après avoir employé des mots inadaptés à la situation (volontairement ou pas, l’Histoire nous le dira), après avoir allumer la mèche au milieu des barils de poudre, cela dépasse maintenant le cadre du ministre délégué, responsable, qui a seulement fourni une motivation de révolte. Voilà maintenant le couvre-feu instauré ici et là, appel à la loi des années 50, les CRS ou gardes mobiles en campement sur les lieux dits sensibles.
Mais où allons-nous ?
Certes, les actions en faveur de ces quartiers n’étaient peut-être pas la panacée, mais cela permettait, au moins, aux gens de se rencontrer et de discuter, que ce soit avec la police de proximité, les éducateurs de rues, les associations et les animateurs sportifs ou sociaux éducatifs, les médiateurs et j’en passe.
Nous constatons l’échec global malgré l’effort de tous les acteurs sociaux et urbains. Des milliards ont été dépensés sans grand succès, mais ce n’est sûrement pas en supprimant aides et subventions que la solution sera trouvée.
Il y a bien longtemps que, sans les actions précédemment engagées par les gouvernements d’avant Raffarin, les troubles auraient éclaté.
C’est une révolte, un déchirement de notre société. La République vit un moment difficile, très difficile et le virage à négocier est plein de dangers.
Nous sommes tous responsables, gauche et droite, d’avoir construit des barres d’immeubles, des ghettos, des poudrières, souvent aux portes des grandes villes.
Le chômage galopant, une économie qui perd la boule où les stocks options ou les primes de départ des grands dirigeants donnent le tournis, des millions, des milliards, on ne sait plus tant ces sommes sont insultantes pour ceux qui sont dans le besoin.
C’est avec ces méthodes que l’on étouffe la croissance et le pouvoir d’achat. C’est avec ces méthodes et la précarité que l’on attise la violence.
Cela suffit ! Il ne s’agit pas d’excuser ces gestes d’incendiaires. Ils n’ont aucune excuse. Il faut rétablir l’ordre, force doit rester à la loi, avec une justice égale pour tous les types de population sans qu’il y ait « délit de faciès ».
Nous sommes des citoyens, faut-il encore que nos origines ou notre couleur de peau ne soit pas un handicap à l’embauche, dans le traitement policier ou la discrimination pour l’accès au logement.
Ayons le courage, ici en France, berceau des droits de l’Homme et du Citoyen, de faire face à nos engagements en faisant tous les efforts qui s’imposent pour l’égalité des droits de chacun.

Pierre Morbelli